La boiterie est un motif de consultation assez fréquent chez le chat en médecine vétérinaire. Cela est probablement dû à leur mode de vie assez aventureux au quotidien. Qui n’a jamais vu son chat se prendre la tête avec un adversaire dans le jardin ou n’a pas eu peur en le voyant sauter du haut d’une armoire ? Nos félins sont ce qu’ils sont et on ne les changera pas. Mais alors que faire si vous voyez un jour votre chat boiter ? Nous vous donnons ici des conseils sur ce que vous pouvez faire à la maison et la prise en charge général de cette affection.
Causes possibles de boiteries chez le chat
Voilà que votre chat boîte depuis quelques heures … Mais voilà, cela ne vous dit absolument pas où est le problème ! Les causes de boiteries chez le chat sont très nombreuses et pas toujours évidentes à diagnostiquer. En plus, les chats expriment souvent moins la douleur que leurs antagonistes chiens alors pas toujours facile d’y voir clair.
Parmi les causes possibles de boiterie on distingue :
- Les blessures quelle que soit leur nature : coupure, corps étranger fiché dans la peau, piqûre d’insecte, morsure …
- Les abcès : Ils font presque toujours suite chez le chat à une bagarre avec une morsure ou une griffure. Le souci, c’est que les premières heures parfois les abcès ne sont pas visibles et il faut attendre pour voir un gonflement suspect apparaître. Ce qui n’empêche pas votre chat d’avoir très mal.
- Des traumatismes au niveau des pattes : entorse, luxation, déchirure musculaire ou fracture.
- Douleur articulaire liée à l’arthrose ou à une poussée d’arthrite.
- Thromboembolie lors de cardiomyopathies chez le chat. On a alors formation de thrombus (= caillots sanguins) qui viennent boucher les vaisseaux sanguins présents dans les pattes.
- Tumeurs (osseuses, cutanées, musculaires …) qui vont gêner le mouvement et parfois entrainer de la douleur.
- Affections neurologiques : neuropathies, myopathies, hernie discale …
On se rend bien compte que des causes graves de boiteries côtoient des causes plus bénignes. Mais bien souvent, l’appel du vétérinaire sera nécessaire pour pouvoir faire la part des choses.
Mon chat boîte : Que dois-je faire ?
Boiterie du chat suite à un traumatisme grave ou violent
Bien évidemment, si votre chat est victime d’un accident grave et que vous en êtes témoin, ne cherchez pas à faire quoi que ce soit à la maison. Installez délicatement votre chat dans sa cage de transport ou dans un autre contenant adapté aux transports (exemple : grosse boite en carton) et rendez-vous immédiatement chez un vétérinaire.
En journée, rendez-vous chez votre vétérinaire traitant et la nuit et le week-end allez dans une structure d’urgence. Pensez à appeler la clinique avant de vous y rendre pour que l’équipe soit préparée à votre arrivée et mette le nécessaire en œuvre pour prendre soin de votre animal.
Ne vous amusez pas à essayer de tripoter vous-même votre chat pour “en savoir plus” car il y a de forte chance qu’il soit très douloureux. Et en cas de douleur, une réaction de défense peut se mettre en place. Le but n’est pas que votre chat vous blesse en vous mordant ou en vous griffant.
On entend notamment par situation d’urgence où il faut se rendre rapidement chez le vétérinaire :
- Chute d’un balcon, d’une fenêtre ou toute autre hauteur assez importante. On parle de “chat parachutiste”. Attention, certains chats peuvent se blesser violemment ou même avoir des lésions internes dès une chute du 2ème étage. Donc même si RIEN ne semble visible, prenez rendez-vous !
- AVP ou accident de la voie publique, c’est-à-dire si votre chat se fait renverser par une voiture.
Que puis-je faire à la maison dans les autres cas ?
Dans le cas où vous n’avez pas pu identifier d’évènements traumatiques importants et que votre chat n’a pas l’air d’être trop mal en point, commencez par essayer d’examiner la patte qui lui fait défaut. Même si rien n’est visible votre chat peut avoir eu peur et surtout avoir très mal. Or, on sait que les chats dans ce genre de situation peuvent devenir imprévisibles et parfois agressifs. Installez-vous au calme et ne soyez pas brusque. Vous pouvez aussi demander à une personne de venir vous aider à tenir votre chat, au besoin en vous aidant d’une serviette.
Commencez par examiner et manipuler sa patte de bas en haut, méthodiquement, pour être sûr de ne pas passer à côté de quelque chose : coussinets, doigts, ongles, espaces interdigités, articulations … Recherchez tout ce qui est anormal : coupure, érythème, plaie, corps étranger, griffe incarnée ou arrachée …
Certaines choses évidentes peuvent être prises en charge par voie dans un premier temps :
- Couper une griffe cassée et la désinfecter ;
- Retirer avec une pince à épiler un petit corps étranger qui dépasse ;
- Désinfecter deux fois par jour une petite plaie visible …
Si vous ne voyez rien et/ou que vos premiers soins n’ont pas aidé à améliorer la situation prenez rendez-vous chez le vétérinaire. Si votre chat ne semble pas vraiment gêné par la situation, vous pouvez aussi vous donner 24h pour voir comment les choses évoluent. Parfois une simple mauvaise réception à la suite d’un saut peut entraîner une boiterie qui va se résoudre spontanément avec un peu de temps et de repos.
JAMAIS d’automédication en cas de boiterie chez le chat
Le soir ou en plein week-end vous pourriez être tenté de soulager votre chat en lui faisant avaler un anti-inflammatoire qui vous restait d’une ancienne consultation ou même de lui donner un médicament de votre propre pharmacie (doliprane, ibuprofène ou paracétamol). Ne faites jamais ça. Tous les médicaments présentent des contre-indications et vous pourriez faire plus de mal que de bien. De plus, nos anti-inflammatoires et antalgique humain précédemment évoqué sont toxiques chez le chat et peuvent potentiellement être mortels. Alors ne prenez pas de risque.
Boiterie chez le chat : un motif de consultation vétérinaire
Vous n’aurez pas le choix que de consulter un vétérinaire en cas de traumatisme violent ou de plaie importante entraînant une boiterie, de mauvais état général associé ou si malgré des soins locaux celle-ci ne disparaît pas en 24h.
Quelles informations rapporter à mon vétérinaire ?
Pour pouvoir poser son diagnostic, le vétérinaire va avoir besoin de vous poser des questions sur l’apparition et la nature de la boiterie. On parle de recueillir les commémoratifs.
- Quelle patte pose problème car les boiteries sont parfois subtiles. Y en a-t-il une ou plusieurs de concernées ?
- La boiterie est-elle apparue brutalement ou progressivement ?
- Depuis combien de temps votre chat boîte-t-il ?
- Est-ce que votre chat boîte en permanence au cours de la journée ou bien y a-t-il des moments de rémission ?
- Pose-t-il un peu la patte ou bien pas du tout (on parle de boiterie sans appuie) ?
Si un évènement particulier a pu jouer, dites-le à votre vétérinaire. De même mentionnez tous les autres symptômes que vous avez pu observer.
Les différentes étapes de la consultation en cas de boiterie
Comme pour toute consultation, même si le problème semble venir exclusivement d’un membre, votre vétérinaire va prendre le temps d’examiner complètement votre animal. Puis il va, quand cela est possible, essayer de le regarder se déplacer : on parle d’examen à distance. Et en dernier lieu, il va s’intéresse plus particulièrement à la patte qui pose problème et réaliser un examen minutieux et orthopédique.
La douleur est telle que dans certains cas un examen vigil de votre chat n’est pas possible. Une sédation ou une anesthésie est alors réalisée pour des questions de sécurité et pour limiter la douleur et le stress ressenti par votre animal.
Des examens complémentaires peuvent être nécessaires, notamment des examens d’imagerie comme une radiographie, un scanner, une IRM voire même une échographie
Quel traitement pour mon chat s’il boite ?
Le traitement prescrit par votre vétérinaire dépend complètement de la cause sous-jacente de la boiterie de votre chat. Chaque cas étant particulier, il est impossible de vous donner avec précision la liste des médicaments et mesures qui peuvent être prescrites ou conseillées.
En cas d’abcès : Bien souvent, un curetage sous sédation est nécessaire pour éviter toute récidive. Dans ces cas-là, les antibiotiques s’avèrent bien souvent indispensables. Une collerette et une surveillance à la maison pendant plusieurs jours sont de mises.
En cas de corps étranger : Un bout de verre ou un épillet peut se loger dans la patte de votre animal et parfois même disparaître complètement sous la peau. Dans ces-là une exploration sous anesthésie est nécessaire pour réussir à extraire le corps étranger et permettre la cicatrisation. Encore une fois les antibiotiques peuvent être nécessaires ainsi que le port de la collerette.
En cas d’arthrose : Le traitement est variable en cas de crise ou si on parle de traitement de fond. Nous vous invitons à lire notre article sur le sujet pour en savoir plus.
En cas de traumatisme : Cela peut aller du simple repos dans un endroit confiné (on parle de cageothérapie) à la pose d’une attelle ou bien à la réalisation d’une chirurgie orthopédique avec pose de broche ou de plaque. Analgésiques et anti-inflammatoires sont des indispensables.
Ayez toujours chez vous un désinfectant adapté pour nettoyer les plaies de votre chat en cas de bobos ou de petites plaies. Bétadine et chlorhexidine sont possibles. Evitez ceux qui contiennent de l’alcool et qui vont piquer.
Comment prévenir les risques de boiteries dans l’espèce féline ?
Vous ne pouvez pas, bien évidemment empêcher votre chat de vivre sa vie au quotidien. Néanmoins certaines mesures sont bonnes à mettre en place pour diminuer le risque de certains types de boiteries :
1/ Faites stériliser ou castrer votre chat ! On sait que les chats non stérilisés se bagarres beaucoup plus pour leur territoire et pendant la période de reproduction. C’est pendant ces bagarres que le risque de morsure avec abcès est très élevé. En plus, ce par ce biais aussi que le FIV et le FeLV peuvent être transmis. En stérilisant votre animal vous protéger sa santé et améliorez son espérance de vie.
2/ Coupez ses griffes ou surveillez leur état régulièrement si votre chat sort. Sur des chats qui sortent ce sont souvent les ergots qui posent problème car ils ne sont pas usés aussi efficacement contre les troncs d’arbres. Ils finissent alors par s’incarner ce qui cause une vive douleur à l’animal. De même des griffes très longues peuvent se coincer dans des tissus, du grillage et s’arracher.
3/ Bonne gestion du poids. Evitez autant que faire ce peu le surpoids chez son chat c’est protéger ses articulations à long terme du risque d’arthrose. Nourrissez-le avec une alimentation de qualité et veillez à ce qu’il ne mange pas plus que ce dont il a besoin.
4/ Si vous vivez en appartement, pensez à sécuriser votre balcon et/ou vos fenêtres. Il existe aujourd’hui des solutions avec des grillages ou des filets pour éviter que votre chat ne tombe malencontreusement.
