La cystite idiopathique féline (CIF) est la cause la plus courante de difficultés à uriner chez le chat dont elle représenterait 60% des cas. Elle se définit comme une inflammation de la vessie sans aucune cause connue. Lorsqu’un chat n’arrive pas à uriner c’est une urgence à prendre rapidement en considération. Nous allons donc vous expliquer ce qui engendre la souffrance pour votre chat, comment traiter cette maladie et surtout prévenir les rechutes.
Qu’est ce que cystite idiopathique du chat ?
Il s’agit d’une cystite dont la cause ne peut être déterminée. C’est exactement le sens du mot « idiopathique ». Il ne faut donc pas la confondre avec d’autres types de cystite du chat ou même une infection urinaire bactérienne. Un chat ou une chatte peut développer des cystites répétées et donc une inflammation récidivante de la paroi vésicale sans que cela soit dû à des bactéries, une tumeur, des polypes ou d’autres facteurs produisant des symptômes similaires.
Cette pathologie urinaire très frustrante pour le propriétaire engendre des douleurs marquées chez le chat qui présente alors plusieurs signes en lien avec cette inflammation urinaire.
Cette pathologie est aussi délicate pour le vétérinaire qui doit d’abord pratiquer les examens urinaires permettant d’éliminer toutes les autres causes liées aux urines, à la vessie, aux reins et tout ce qui les relie. La communication avec le propriétaire du chat est alors essentielle pour la compréhension d’une maladie au caractère récidivant que le maître peut ne pas accepter en remettant en cause le diagnostic ou les examens du vétérinaire. La première réaction est en effet : la cystite de mon chat ne guérit pas!
La cystite idiopathique survient chez les chats de tous les âges, mais est plus fréquente chez les chats plus jeunes ou d’âge moyen. Notez que la récidive est une donnée clé à prendre en compte quand on a un chat ou une chatte atteinte d’inflammation vésicale idiopathique car toute l’implication que vous pourrez mettre dans le traitement limitera la répétition des « crises » et assurera un meilleur confort à votre animal.
Symptômes de la cystite idiopathique du chat
Les maladies du bas appareil urinaire chez le chat peuvent causer de nombreux symptômes variés. Parfois, plusieurs de ces symptômes sont observés en même temps et, d’autres fois, de façon isolée.
Il est important de savoir que les symptômes sont souvent similaires quelles que soient les causes profondes du problème urinaire. Ainsi, les symptômes seuls ne permettent pas de déterminer si le problème est dû aux voies urinaires, à une infection ou à la cystite idiopathique. Pour déterminer la cause du souci, vous devez amener votre chat chez le vétérinaire qui pratiquera les examens adaptés afin d’arriver à la conclusion et au diagnostic. Les signes communs au chat atteint d’une pathologie des voies urinaires basses sont les suivants :
- Le chat court plus souvent vers sa caisse et / ou reste plus longtemps que d’habitude dedans.
- Le chat reste en position pour uriner, pleure ou montre des signes de douleur lorsqu’il se pose dans sa caisse. Il n’est pas rare de penser d’abord que le chat est constipé car les manifestations sont similaires.
- Le chat urine plus souvent et en plus petites quantités que d’habitude.
- L’urine peut avoir une couleur différente de l’habitude (l’urine rose indique des traces de sang).
- Le chat ou la chatte se lèche plus souvent la vulve ou le pénis que d’habitude. Le poil peut apparaître humide et mal rangé en raison de léchage accru, en particulier sur le ventre et les cuisses.
- L’animal peut changer de comportement, manifester de la peur, vouloir se cacher, devenir agressif ou devenir plus collant que d’habitude.
- Le chat urine en dehors de la litière (sur le sol, le canapé, le lit, les tapis, etc.).
- Une modification du comportement alimentaire (baisse d’appétit, prise de boisson augmentée par exemple) peut être constaté.
- Le chat ou la chatte n’arrive plus à uriner du tout. C’est le blocage urinaire qui fait que le chat est « bouché » (terme employé par les vétérinaires). Le risque est mortel pour lui car l’urine continue d’être produite et ne sort pas. La vessie gonfle et les composés urinaires intoxiquent le sang. Il faut agir VITE !
IMPORTANT
Si votre chat est « bouché » et qu’aucune urine ne sort, APPELEZ VOTRE VÉTÉRINAIRE ou celui de garde en URGENCE !
Diagnostic : éliminer les autres causes de cystite du chat ?
La cystite idiopathique est un diagnostic d’exclusion, ce qui signifie qu’il faut éliminer d’autres causes pouvant donner les symptômes du chat avant d’affirmer que celui-ci est atteint de la maladie. Généralement le vétérinaire procède aux examens adéquats dès lors que le chat a eu plusieurs cystites, voire même dès la première récidive.
Les examens complémentaires qui peuvent alors être mis en œuvre regroupent :
- L’analyse d’urine qui permet d’en déterminer la composition, le pH (urines acides ou basiques), la présence de sang, de cristaux…
- Une prise de sang éventuelle permettant de valider le fonctionnement correct des reins
- Une exploration génitale à la recherche d’anomalies visibles (malformation, polype,…)
- L’imagerie : radiographie et plus souvent échographie qui permettent de visualiser les structures rénales et vésicales, les polypes, calculs urinaires, tumeurs,…
Chez le chat atteint de cystite idiopathique, on trouve souvent du sang et des protéines dans les urines en lien avec l’inflammation de la paroi de la vessie mais rarement des bactéries ou des globules blancs. Notez que pour le prélèvement des urines il peut se faire à la maison avec les recommandations particulières du vétérinaire ou de ses assistant(e)s et parfois l’aide d’un kit de prélèvement. Assez souvent, le vétérinaire prélève l’urine par pression sur vessie pleine à la clinique. C’est pour cela qu’on recommande de garder le chat à l’intérieur quelques heures avant la consultation avec l’eau et pas de caisse (quand c’est possible) afin que l’urine puisse s’accumuler. Au-delà du prélèvement lui-même, une vessie pleine est nécessaire pour l’imagerie et une bonne visualisation de la zone à la radio ou à l’échographie.
Causes de la cystite idiopathique féline
Les raisons pour lesquelles les chats souffrent de cystite idiopathique ne sont pas bien comprises encore aujourd’hui mais nous savons que plusieurs facteurs peuvent la favoriser. Auparavant, on pensait que ce type de cystite était principalement du à la quantité de cristaux dans l’urine. Désormais, on sait que ce n’est pas vrai. Il semble plutôt que la maladie soit due à une combinaison de divers problèmes vésicaux et au fait que le système nerveux ne réagisse pas correctement.
Parmi d’autres constations, les chats atteints de cystite idiopathique ne produisent pas assez de glucosaminoglycanes, des substances qui participent à la protection naturelle de la paroi vésicale contre les substances irritantes. Leur paroi de leur vessie semble plus perméable que chez le chat en bonne santé, ce qui augmente encore le risque d’irritations et le déclenchement d’une inflammation.
On pense également que des fibres nerveuses spécifiques de la paroi vésicale sont un peu trop réactives, ce qui les amène à envoyer des signaux de douleur au cerveau qui déclenche une réponse permettant aux muscles de la vessie de se contracter plus facilement. Ces contractions répétées auraient alors tendance à fragiliser la paroi vésicale et à la faire saigner. Chez les chats qui ont ce type de sensibilité, il semble que le stress favorise ce processus nerveux. Des études ont montré que les chats atteints de cystite idiopathique réagissent différemment au stress par rapport aux chats en bonne santé.
Facteurs favorisant les crises de cystite chez le chat
Le Stress : un déclencheur majeur de cystites
Certains chats sont très sensibles et peuvent être stressés par des changements qui peuvent vous paraître minimes. Voici quelques exemples de ce qui peut stresser un chat :
- Déménagement, modification de l’agencement intérieur
- Travaux de rénovation dans ou à proximité du logement
- Changement de milieu en général comme la garde temporaire chez un proche durant les vacances.
- Stress à la maison. Votre stress ou mal-être induit des changements de comportement à l’égard de votre entourage que le chat ressent bien.
- Visite de personnes étrangères au foyer ou d’animaux (chien d’un ami par exemple)
- Nouveau membre de la famille : bébé, nouvel animal…
- Changement de nourriture ou d’habitudes alimentaires (horaires)
- Changement de litière.
- Changement de vos habitudes (horaires de travail, absence ou présence plus fréquente…)
- Congénère qui vient se manifester derrière la fenêtre ;
- Disparition d’un autre congénère avec lequel il vivait
- Emplacement inapproprié de la litière, design de celle-ci, nombre insuffisant par rapport au nombre de chat.
- L’ennui et la sous stimulation.
L’obésité
Il est reconnu que l’obésité augmente le risque de cystite idiopathique chez le chat. Il est donc important de perdre du poids si le chat est en surpoids. Consultez votre vétérinaire qui vous aidera à mettre en place un programme d’amaigrissement suivi pour que votre chat perde jusqu’au bon poids, régulièrement et via un aliment adapté.
Consommation d’eau insuffisante
Un chat qui ne boit pas suffisamment augmente son risque de déclencher une cystite idiopathique. Moins le chat boit, plus son urine est concentrée, ce qui augmente les risques d’irritations de la paroi vésicale, surtout si celle-ci est déjà fragilisée. Par conséquent, il est important de veiller à ce que votre chat absorbe suffisamment d’eau sous différentes formes. Cela peut passer par l’ajout d’aliments humides dans la ration quotidienne ou l’utilisation d’une fontaine à eau qu’affectionnent les chats qui aiment boire de l’eau courante.
Un autre souci de santé
D’autres maladies engendrant de l’inflammation peuvent favoriser l’irritation vésicale et provoquer une inflammation des voies urinaires. (maladies de peau, maladies respiratoires, gatro-entérites …)
Traitement de la cystite idiopathique chez le chat et la chatte
Il n’existe toujours pas de traitement efficace prouvé qui viserait à éradiquer totalement la maladie et ses rechutes. Le traitement de la cystite idiopathique vise prioritairement à gérer la crise pour aider le chat à retrouver une miction normale et du confort. La prévention des rechutes est une seconde étape incontournable. Les symptômes disparaissent généralement au bout de 7 à 10 jours environ mais la douleur pouvant être vive, sa prise en compte et son évaluation sont indispensables si on ne veut pas que cela traîne.
Le traitement, qui est adapté à chaque cas par le vétérinaire, pourra comprendre un anti-inflammatoire, un éventuel anti douleur, de possibles compléments visant à protéger la paroi vésicale, parfois aussi des médicaments visant à relâcher les sphincters urinaires. Les antibiotiques ne sont pas indispensables car dans la plupart des cas ces cystites idiopathiques ne sont ni infectieuses, ni surinfectées. Seul le vétérinaire jugera de leur utilité pour des situations bien précises.
En plus des médicaments, la gestion de la pathologie passe par la prévention des rechutes pour votre chat en agissant sur des leviers comportementaux et environnementaux. La gestion du stress en est l’élément majeur. Vous devrez également suivre le poids, l’alimentation et l’apport hydrique de votre chat ou chatte. Parfois, des médicaments et/ou des compléments alimentaires sont nécessaires en continu. Pas d’inquiétude, votre vétérinaire vous aidera à déterminer les choses à adapter et vous accompagnera dans le suivi et le choix des compléments efficaces.
Comment prévenir les récidives de cystite chez le chat ?
Pour éviter les rechutes à votre chat, il va être important de suivre les règles que vous fournira votre vétérinaire traitant parmi lesquelles vous retrouverez :
- Favoriser la prise de boisson. Le fait de boire plus souvent dilue davantage les urines et les rend moins « irritantes » pour la paroi de la vessie. Il faut alors proposer de l’eau à plusieurs endroits de la maison, utiliser une fontaine à eau qui favorise la prise de boisson par votre chat et si nécessaire d’ajouter un aliment humide dans la mesure où celui-ci est bien toléré au niveau digestif par votre animal.
- Suivre et gérer le poids de votre chat quand celui-ci dépasse la norme. Ceci vaut pour les cystites mais aussi d’autres soucis comme le diabète félin.
- Adapter le type et le nombre de litières ainsi que veiller à leur propreté. Ca paraît anodin mais la plupart des soucis urinaires (chat qui fait pipi en dehors de la caisse par exemple) proviennent d’une mauvaise gestion des litières. Suivez ce lien pour vérifier si tout est en ordre côté litières chez vous : gestion optimale des litières pour chat
- Adapter l’environnement du chat pour le rendre aussi calme et confortable que possible. L’idéal serait d’avoir plusieurs lieux de nourriture et d’abreuvement ainsi que des zones surélevées qui servent de poste d’observation à votre chat. La ou les litières sont idéalement séparées de zones de repos et de nutrition et situées dans des endroits calmes de la maison (pas à côté de la machine à laver par exemple).Ajoutez des griffoirs et jouets adaptés pour enrichir son environnement. De l’herbe à chat peut être mise à disposition car elle les apaise et les chats en raffolent.
- Lorsqu’on a plusieurs chats, on veille à suivre les relations entre chacun d’entre eux pour limiter les agressions et intimidations qui pourront alors se régler avec l’aide de votre vétérinaire.
- Adapter l’alimentation selon les recommandations de votre vétérinaire. Des aliments spécialisés existent aujourd’hui afin de protéger davantage la vessie et limiter la formation de cristaux. Quand c’est possible, l’alternance croquettes et pâtées peut s’avérer utile dans la prévention des récidive de cystite idiopathique féline.
- Les compléments anti-stress donnant de bons résultats sur certains chats sont souvent proposés. Ils peuvent être composés de dérivés de protéines de lait, de phéromones ou fondés sur l’aromathérapie. Il ne s’agit donc pas d’anxiolytiques au sens médicaments utilisés en humaine bien que dans certains cas plus avancés ceux-ci puissent être envisagés.
- Des compléments alimentaires à base de glycosaminoglycanes peuvent être administrés car ils sont considérés comme ayant un effet protecteur sur la paroi de la vessie.
- Traiter et gérer les maladies concomitantes provoquant douleur et/ou inflammation et donc source de stress pour votre chat.
Vous voilà mieux armé(e) pour affronter les cystites idiopathiques de votre chat si celui-ci en souffre ou pour les prévenir et protéger la santé de votre boule de poils dans le cas contraire. La cystite idiopathique féline appartient à ce type de pathologies pour lesquelles un travail main dans la main avec votre vétérinaire est indispensable pour ne pas succomber à la frustration des récidives potentielles qu’un traitement occasionnel unique ne suffira pas à éviter.
De la même façon qu’un humain a besoin de conditions favorables pour se sentir bien et protéger sa santé, le chat a besoin ici d’un environnement stable et d’un suivi attentif favorisant la réactivité en cas de problème. Les bons conseils de votre vétérinaire et votre implication constitueront la clé du bien-être de votre chat et de son confort.